L’alopécie androgénétique

L’ALOPÉCIE ANDROGÉNÉTIQUE

L’alopécie androgénétique est un terme qui combine entre les deux mots androgène et génétique, ce terme a été inventé en 1962 par le médecin Ludwig. Ce type de calvitie est la forme la plus fréquente de la perte de cheveux qui se manifeste chez les deux sexes, comme elle peut toucher à toutes les tranches d’âge, en revanche l’alopécie androgénétique ne se développe que chez les patients ayant des antécédents génétiques et héréditaires de ce trouble.

Par ailleurs, cette prédisposition génétique provient principalement de la sensibilité des cheveux à l’hormone d’androgène et de dihydrotestostérone, cette tolérance à l’androgène rend progressivement les follicules pileux miniaturisés, et moins pigmentés. Cette miniaturisation conduit par la suite à une perte de cheveux, autrement dit, l’alopécie androgénétique agit en raccourcissant la phase anagène et en augmentant la phase télogène, en revanche, les cheveux de la région occipitale sont généralement résistant au DHT.

Habituellement, ce type d’alopécie se manifeste chez les femmes et les hommes avec des différents modèles et degré.

L’alopécie androgénétique chez les hommes

Généralement, l’homme est le plus touché par l’alopécie androgénétique, car il dispose des taux plus élevés d’hormone androgène par rapport à la femme. En fait, l’incidence d’alopécie androgénétique masculine s’augmente avec l’âge, pourtant elle peut être survenue également chez les jeunes patients. Les facteurs déclenchant ce trouble sont d’origine génétique et hormonal.

La proportion de la perte de cheveux chez un homme de 50 ans se double pour atteindre 50 % par rapport à un jeune homme de 25 ans, de ce fait Norwood a mis au point une classification qui explique l’évolution de la perte de cheveux chez l’homme avec l’âge, en expliquant les modèles progressifs de l’alopécie androgénétique.

Les modèles de l’alopécie androgénétique selon Norwood

Selon Norwood, l’alopécie androgénétique masculine se développe en suivant la classification ci-dessous :

Type 1 : une légère récession de la racine des cheveux au niveau de la zone frontale et temporale, mais en général aucun recul de la racine n’est pas observé dans ce stade.

Type 2 : dans ce stade on observe une visibilité d’une calvitie sous forme triangulaire au niveau des tempes, La zone du sommet est généralement intacte.

Type 3 : la récession des cheveux de la région des tempes et du front s’étend postérieurement. Généralement la chute des cheveux temporale termine dans ce stade. Ce stade est caractérisé également par une perte plus au moins importante des cheveux dans la région du vertex.

Type 4 : la perte de cheveux augmente de plus en plus en créant une bande de cheveux moyennement dense qui sépare la partie supérieure et le sommet de la tête et qui traverse le haut de la tête.

Type 5 : la calvitie au niveau de la région temporale et frontale devient plus étendue et n’est pas séparée que par une bande de cheveux plus étroite et plus clairsemée.

Type 6 : dans ce stade la bande de cheveux va disparaitre, et donc la région temporale, frontale et le vertex seront interconnectées et l’ensemble de la zone chauve va s’étendre latéralement et postérieurement.

Type 7 : ce stade correspond à la forme finale et la plus grave de la calvitie, il se caractérise par l’existence d’une bande de cheveux sous forme d’un fer à cheval et qui s’étend latéralement entre les deux oreilles, cette bande de cheveux peut également y avoir une perte de densité.

L’alopécie androgénétique chez les femmes

L’alopécie androgénétique féminine et masculine ont la même étiologie, malgré leur classification différente. Comme chez les hommes l’alopécie androgénétique féminine augmente avec l’âge. En fait, l’androgène se produit par les ovaires et la glande surrénalienne d’une petite quantité et il est considéré comme l’agent pathogène de cette perte de cheveux chez les femmes qui ont déjà des antécédents génétiques de ce trouble.

Selon Ludwig, l’alopécie androgénétique féminine est plus fréquent contrairement à ce que la plupart des patients pensent. Et cela affecte leur coté psychologique plus que les hommes. En général, Ludwig a adopté trois stades pour décrire l’alopécie androgénétique chez les femmes qui commence par un amincissement des cheveux de la couronne avec un recul de la marge frontale.

Les grades d’alopécie androgénétique selon Ludwig

Stade 1 : un amincissement léger des cheveux qui commence au niveau de la chevelure, tout en respectant la ligne frontale antérieure.

Stade 2 : dans ce stade on observe une raréfaction des cheveux au niveau de la couronne et en arrière de la ligne frontale antérieure.

Stade 3 : une dénudation totale au niveau de la couronne avec une réduction visible de la densité, la ligne frontale devient minime.

L’étiologie d’alopécie androgénétique

Hamilton est le premier qui a prouvé que l’hormone testostérone intervient pour faire régénérer les cheveux. Cependant, lorsque cette testostérone se transforme en dihydrotestostérone par l’intermédiaire de 5alpha-réductase, il impacte potentiellement les cheveux en provoquant leur chute.

Comme son nom indique l’alopécie androgénétique a deux causes principales qui sont :

  • Une cause hormonale
  • Une cause génétique

L’étiologie hormonal :

Il a été démontré que la testostérone a aussi un effet pathogène qui conduit à la chute des cheveux. Sauf que l’agent causal direct de cette alopécie est l’hormone dihydrotestostérone qui se produit à partir de la conversion d’androgène par l’enzyme 5alpha réductase. D’après plusieurs donnés les individus qui souffrent d’un déficit génétique en alpha réductase ne développent pas une alopécie androgénétique, ce qui explique le rôle de cette enzyme dans la perte des cheveux.

Par ailleurs, il a été observé une activité augmentée de l’enzyme 5 alpha réductase pendant la phase anagène par rapport aux autres phases du cycle pilaire, ce qui montre que l’anagène est la phase active de l’alopécie androgénétique.

Etiologie génétique :

La prédisposition génétique d’alopécie androgénétique pourrait dépendre de quatre gènes, parce que plusieurs recherches ont prouvé que l’héritage d’un seul gène provoque une chute de cheveux plus tard chez la personne, et l’héritage de deux gènes l’engendre dans un âge moyen.

Pour bien comprendre le mécanisme génétique de l’alopécie androgénétique, il faut préciser les gènes en cause et leur rôle dans le processus de la perte de cheveux.

  • L’implication de la dihydrotestostérone dans l’alopécie androgenetique est expliquée par l’implication des gènes codant – SRD5A1 et SRD5A2- pour l’enzyme 5 alpha réductase. Selon des recherches, ces gènes sont d’origine héréditaires.
  • La transmission de l’alopécie androgénétique du père au fils peut être expliquée par l’existence du gène en cause au niveau du chromosome Y. ce chromosome qui comporte une concentration élevée de la testostérone et de DHT. En fait, cette concentration prouve l’hypothèse qui explique que la prédisposition d’alopécie androgénétique se développe dans les gènes existants dans le chromosome Y.
  • La différence dans la séquence d’ADN du gène codant du récepteur aux androgènes peut augmenter la concentration et l’activité de ces récepteurs et par conséquent, augmenter la sensibilité des follicules pileux au dihydrotestostérone.

Les critères de diagnostic d’une alopécie androgénétique ?

Avant de démarrer n’importe quelle thérapie soit médical ou chirurgical, il faut poser le diagnostic correct de cette perte de cheveux. Est ce qu’il s’agit vraiment d’une alopécie androgenetique ou bien un autre type d’alopécie. En fait, la présence de plusieurs symptômes et signes aide le médecin, mais aussi le patient à reconnaître et à diagnostiquer l’alopécie androgénétique. Parmi les critères à prendre en compte lors du diagnostic sont :

  • L’âge de la survenu de la chute de cheveux
  • Les zones du scalp où la perte de cheveux commence
  • La prédisposition génétique chez les parents et la famille
  • L’existence des cheveux miniaturisés au niveau du vertex

Concernant le diagnostic de l’alopécie androgénétique chez la femme, il est un peu différent par rapport à l’homme du fait que le rythme de la chute de cheveux chez l’homme évolue rapidement et touche des zones qui ne sont pas affectées chez la femme.

Pour poser le diagnostic d’alopécie androgénétique féminine, il est important d’élaborer une communication approfondie avec la patiente afin d’obtenir les informations suivantes :

  • Le taux et la durée de la chute des cheveux
  • La présence d’autres maladies dermatologiques et hormonales à savoir l’acné, les troubles menstruels et l’hirsutisme.
  • La présence des maladies endocriniennes et gynécologiques
  • L’administration des contraceptifs
  • L’adoption d’un régime alimentaire strict

Les examens du diagnostic d’alopécie androgénétique

En cas de doute ou bien d’une difficulté d’établir le diagnostic d’alopécie androgénétique, le médecin peut avoir recours à plusieurs examens afin de confirmer le diagnostic.

Parmi les examens essentiels dans le diagnostic d’alopécie on peut citer :

  • Le trichogramme
  • La trichoscopie
  • La photo trichogramme
  • Test de lavage

Par ailleurs, le médecin peut prescrire au patient surtout pour la femme le bilan hormonal suivant :

  • La Concentration de testostérone
  • La Concentration de DHT
  • La Concentration des hormones thyroïdiennes
  • La Concentration de la prolactine

Le traitement d’alopécie androgénétique

Pour traiter l’alopécie androgénétique masculine et féminine, il existe plusieurs catégories de traitements. Ces traitements ont pour but de retarder la chute de cheveux ou bien d’inhiber l’activité de dihydrotestostérone.

En général, il existe des traitements médicaux et un traitement chirurgical. Le choix du traitement approprié pour le patient repose sur le degré de perte de cheveux chez lui. Si le patient souffre d’une alopécie très avancée, le traitement recommandé dans ce cas doit être la greffe de cheveux. En revanche, si le degré d’alopécie est encore dans ses premiers stades, dans ce cas il sera possible de commencer par le traitement médical.

Traitements médicaux

Habituellement, il existe deux traitements médicaux conçus comme des médicaments utiles contre l’alopécie androgénétique

Le MINOXIDIL topique : le MINOXIDIL est un traitement destiné aux les femmes et les hommes. Ce traitement aide à régénérer et faire repousser les cheveux en assurant un bon approvisionnement sanguin au niveau de cuir chevelu. Pourtant lorsque le patient arrête brusquement la prise du MINOXIDIL cela peut stopper la croissance des cheveux et la chute peut survenir au bout de quelques mois.

Généralement, l’apparition des résultats optimaux nécessite l’utilisation de ce traitement pendant une longue durée. Le MINOXIDIL est indiqué pour les patients d’une calvitie minime et aussi pour les jeunes moins de 23 ans et qui ne sont pas encore apte à subir une greffe de cheveux.

Le finastéride : c’est un traitement indiqué juste pour les hommes, son efficacité réside dans l’inhibition d’enzyme 5 alpha réductase. Il a été prouvé que le finastéride 1 mg empêche la chute de cheveux chez environ 90% des patients atteints d’alopécie androgénétique, ainsi qu’il renforce les follicules pileux. Cependant le finastéride peut engendrer des effets sexuels comme la libido et un dysfonctionnement érectile.

Le finastéride est interdit pour les femmes, parce qu’il peut entrainer un risque de féminisation du fœtus de sexe masculin* hermaphrodite*.

Le PRP : le plasma riche en plaquette est parmi les solutions suggérées pour réduire l’intensité d’alopécie androgénétique. Il a été démontré que le PRP contient environ 20 facteurs de croissance qui jouent un grand rôle dans la prolifération et l’attachement des cheveux, en se liant des récepteurs des bulbes pileux. De plus le PRP augmente la phase anagène, stimule la sécrétion du collagène et préserve le cuir chevelu en bonne santé.

Traitement chirurgical :

La greffe de cheveux est la solution la plus efficace et permanente de l’alopécie androgénétique. La greffe de cheveux est une opération qui consiste à prélever les cheveux de la zone occipitale, car les cheveux provenant de cette région sont conçus comme des cheveux résistants au DHT, ensuite les réimplantés dans les régions touchées par l’alopécie androgénétique.

Grâce à la technique FUE récemment inventée, la récolte des unités folliculaires se fait d’une manière individuelle, et par conséquent, le patient n’aura pas une cicatrice postopératoire. De plus, l’implantation des unités folliculaire s’effectue sous une anesthésie locale ce qui rend la procédure indolore.

Contrairement les traitements médicaux qui nécessitent une utilisation d’une longue durée, la greffe de cheveux s’effectue dans une seule séance et après les 4 premiers mois postopératoires le patient remarquera la repousse des cheveux qui sera définitif à la fin de la première année postopératoire.

Les huiles essentielles :

Pendant des siècles et avant l’invention d’aucun traitement médical ou chirurgical, nos grand-mères utilisaient les huiles essentielles pour renforcer ses cheveux et pour empêcher leur chute. Il a été démontré par la suite que les huiles essentielles ont vraiment un effet positif sur les cheveux. Les huiles essentielles pour les femmes et pour les hommes aident à favoriser l’apport nutritif des cellules de la papille pilaire en stimulant la perfusion sanguine. En fait, les huiles essentielles peuvent être un moyen de prévention contre la chute de cheveux plus d’être un moyen de traitement du fait que leur impact peut prendre un long temps pour apparaître.

Les facteurs augmentant l’incidence d’alopécie androgénétique

Comme on a déjà signalé, l’alopécie androgénétique est due principalement à une cause génétique et hormonale. Pourtant il existe des facteurs qui favorisent et augmentent l’intensité de cette perte. Ces facteurs sont :

  • Le stress
  • Le tabagisme
  • La malnutrition

Le stress : plusieurs donnés ont démontré que la perte de cheveux s’accentue chez les patients plus stressés. Il est important de retenir que lors des épisodes de stress un message sera envoyé par le cerveau au glandes surrénalienne qui a son tour va secréter des quantités d’adrénaline et d’androgène. En fait, Cette sécrétion d’androgène va impacter les patients qui ont des antécédents héréditaires d’alopécie androgénétique.

Le tabagisme : la nicotine a une forte influence sur les cheveux car il provoque un rétrécissement des capillaires sanguines responsables du transport des nutriments essentielles pour la croissance des cheveux et par conséquent, une miniaturisation des cheveux. De plus, en raison de son pouvoir oxydant, le tabagisme peut provoque une inflammation des bulbes pileux et de cuir chevelu.

La malnutrition : les cheveux nécessitent également une alimentation saine comme toutes les autres cellules de notre corps, sinon ils vont devenir très fins et par la suite le patient peut avoir une chute de cheveux. En fait, un régime alimentaire équilibré peut contribuer à la fois à la prévention et au traitement de la perte de cheveux et il fournit les nutriments essentiels nécessaires à la croissance et à la santé des cheveux.

 

Références :

 

Urysiak-Czubatka I., Kmieć M L., Broniarczyk-Dyła G., Assessment of the usefulness of dihydrotestosterone in the diagnostics of patients with androgenetic alopecia. Advances in Dermatology and Allergology/Postȩpy Dermatologii i Alergologii, vol31(4), page 207. (2014).

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4171668/

 

Wolff H., Fischer TW., Blume-Peytavi U., The diagnosis and treatment of hair and scalp diseases. Deutsches Ärzteblatt International, vol113(21), page377. (2016).

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4908932/

 

Cervantes J., Perper M., Wong LL., Eber AE., Fricke ACV., Wikramanayake TC., Jimenez JJ., Effectiveness of platelet-rich plasma for androgenetic alopecia: A review of the literature. Skin appendage disorders, vol 4(1), 1-11. (2018).

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5806173/

 

DeVillez RL., Jacobs JP., Szpunar CA., Warner ML., Androgenetic alopecia in the female: treatment with 2% topical minoxidil solution. Archives of dermatology,vol 130(3),pages 303-307,(1994).

https://jamanetwork.com/journals/jamadermatology/article-abstract/555638

 

Rathnayake D., Sinclair R., Male androgenetic alopecia. Expert opinion on pharmacotherapy, vol11(8), pages 1295-1304. (2010).

https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1517/14656561003752730

 

Ellis JA., Sinclair R., Harrap SB., Androgenetic alopecia: pathogenesis and potential for therapy. Expert Reviews in Molecular Medicine, 4(22). (2002).

https://www.cambridge.org/core/journals/expert-reviews-in-molecular-medicine/article/androgenetic-alopecia-pathogenesis-and-potential-for-therapy/618731E38A7C624B1B63C721297E7A34

 

Bureau JP., Ginouves P., Guilbaud J., Roux ME. Essential oils and low-intensity electromagnetic pulses in the treatment of androgen-dependent alopecia. Advances in Therapy, vol20(4), page 227. (2003).

https://link.springer.com/article/10.1007/BF02850093

 

Inaba M, Inaba Y, Androgenetic Alopecia, Androgenetic Alopecia: Modern Concepts of Pathogenesis and Treatment, Pag 161

https://link.springer.com/chapter/10.1007/978-4-431-67038-4_17